jeudi 15 avril 2010

La déclaration de Montreux




Pour ceux qui pensaient que l'Union Européenne était une fin ...

En 1945, lors de la création de l'Organisation des Nations unies (ONU), l'idée d'un fédéralisme mondial se popularise en Amérique et en Europe. Le profond désir de paix unit en effet les peuples et anime certaines élites nationales. Le Mouvement fédéraliste mondial préconise l'établissement d'une citoyenneté universelle et d'une union de toutes les démocraties. Il s'oppose en cela aux fédéralistes européens qui appellent de leurs voeux la création d'une fédération régionale ouest-européenne, sans pour autant rejeter la perspective mondialiste à plus long terme. Pour les adeptes du fédéralisme intégral, une fédération d'États doit également s'accompagner d'une transformation radicale des structures économiques, sociales et culturelles.


Les fédéralistes veulent mettre en place une structure gouvernée par le "principe de la subsidiarité", dévoluant aux régions et aux institutions fédérales les compétences qui ne peuvent pas être exercées légitimement et plus efficacement au niveau national.

Réuni à Montreux le 23 août 1947, le Mouvement universel pour une confédération mondiale publie une déclaration sur le rôle du fédéralisme mondial comme idéal politique.





Déclaration de Montreux (23 août 1947)
Nous, fédéralistes mondiaux, réunis à Montreux pour le premier Congrès du « Mouvement Universel pour une Confédération Mondiale », appelons les peuples du monde entier à se joindre à nos efforts.
Nous sommes convaincus que l'humanité ne saurait survivre à un autre conflit mondial.
Deux ans se sont écoulés depuis la fin des hostilités et l'Europe et l'Asie demeurent couvertes des ruines de la guerre.
L'effort de reconstruction est paralysé, l'immense majorité des humains manque d'abris, de nourriture et de vêtements, tandis que toutes les nations épuisent leurs forces à préparer leur propre destruction.
Telles qu'elles sont constituées maintenant, les Nations Unies - cette seconde tentative d'organisation du monde pour sauver la paix - sont impuissantes à empêcher la course à la guerre.
Nous, fédéralistes mondiaux, sommes convaincus que la création de la Confédération Mondiale est le problème capital de notre temps.  Tant qu'il n'aura pas été résolu, toutes les autres questions - nationales ou internationales - resteront sans réponses valables.  Ce n'est pas entre la libre entreprise et l'économie dirigée, le capitalisme et le communisme qu'il s'agit de choisir, c'est entre le fédéralisme et l'impérialisme.
Seul le fédéralisme assurera la survivance de l'homme.
Nous, fédéralistes mondiaux, affirmons que l'humanité peut se libérer à jamais de la guerre, mais qu'elle n'y parviendra que par l'établissement d'une Confédération Mondiale.  Une telle confédération devrait reposer sur les principes suivants :
1. Participation universelle.  La Confédération sera ouverte à tous les peuples et nations.
2. Limitation des souverainetés nationales et transfert à la Confédération des pouvoirs législatif, exécutif et judiciaire, nécessaires à la gestion des affaires mondiales.
3. Application de la loi directement à l'individu quel qu'il soit et où qu'il se trouve, dans les limites de la compétence fédérale :
garantie des droits de l'homme et répression de tout attentat à la sûreté de la Confédération.
4. Création d'une force armée supra-nationale, capable de garantir la sécurité de la Confédération et des nations qui la composent.  Désarmement des Etats membres, compte tenu de leurs besoins de police.
5. Attribution à la Confédération de tous droits concernant l'énergie atomique et toutes autres découvertes scientifiques capables de causer des destructions massives.
6. Pouvoir de perception directe des contributions nécessaires, d'une manière indépendante des budgets des Etats membres.
Nous nous proposons d'utiliser tous les moyens raisonnables qui peuvent concourir au prompt établissement d'une Confédération Mondiale, afin de gagner de vitesse une nouvelle guerre.
Nous considérons qu'une juste perspective fédéraliste doit intégrer les efforts faits sur les plans régional et fonctionnel.  La formation d'unions régionales - dans la mesure où elles ne constituent pas une fin en soi et ne risquent pas de se cristalliser en blocs - peut et doit contribuer au bon fonctionnement de la Confédération Mondiale.  De même, la solution des problèmes techniques, scientifiques et culturels, qui concernent tous les peuples du monde, sera facilitée par l'intégration de corps fonctionnels spécialisés.
Ces principes posés, nous relevons parmi les méthodes d'action possibles .
1. L'action sur les gouvernements et les parlements nationaux en vue de les amener, sous la pression de l'opinion populaire, à transformer l'O.N.U. en une Confédération Mondiale, par l'accroissement de son autorité, de ses ressources et par la révision de la Charte.
2. Un ensemble d'actions indépendantes, particulièrement la préparation d'une Assemblée Constituante Mondiale, dont la marche opérative sera arrêtée par le Conseil du M.U.C.M., en coopération étroite avec les groupes parlementaires et les mouvements fédéralistes des divers pays.  Cette assemblée - établie en collaboration avec les grandes organisations de caractère international - devra se réunir au plus tard en 1950, afin de rédiger un projet de constitution de la Confédération Mondiale.  Ce projet serait soumis pour ratification, non seulement aux gouvernements et aux parlements, mais aux peuples eux-mêmes, et tous les efforts nécessaires seraient entrepris pour que la Confédération Mondiale soit irrévocablement établie dans le plus bref délai possible.


1 commentaire:

  1. Il faut aussi comprendre que cette déclaration reste un des actes fondateurs de la construction Européenne, disons une racine de cette construction.

    De plus il faut aussi savoir que la construction européenne a TOUJOURS (et encore aujourd'hui) été poussée par le Mouvement Fédéraliste d'Europe, lui-même étant une branche du Mouvement Fédéraliste Mondial.

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